2021-06-21
Au cours de la guerre franco-prussienne de 1870, la question du traitement des corps des soldats morts sur les champs de bataille évolue progressivement, même si de très nombreux militaires sont encore inhumés en tombe collective. Avec la Grande Guerre, l’individualisation des sépultures des soldats devient une question essentielle pour les familles et les autorités. Plusieurs lois, en particulier celle du 29 décembre 1915, consacrent le rôle de l’État qui est, dès lors, en charge de l’entretien des sépultures des militaires décédés au cours d’opérations de guerre avec attribution officielle de la mention « Mort pour la France ». Ce devoir à caractère perpétuel ne concerne toutefois que les corps qui n’ont pas été restitués aux familles qui en avaient fait la demande.
Aujourd’hui, 291 nécropoles nationales et plus de 2 200 carrés militaires répartis sur l’ensemble du territoire national conservent les restes mortels de près de 800 000 Morts pour la France. 88 % d’entre eux sont décédés lors de la Première Guerre mondiale. Certains reposent en ossuaire, faute d’avoir pu être identifiés au moment de l’inhumation.
Dans les conditions prévues par le Code des Pensions militaires, le ministère des Armées (DMCA)) est responsable des sites regroupant les sépultures de guerre qui relèvent de l’État.
Opérateur du ministère des Armées dans le champ mémoriel, l’ONaCVG met pour sa part en œuvre la politique d’entretien, de rénovation et de valorisation de l’ensemble de ces sites hautement symboliques. Lieux de recueillement et de commémorations, les nécropoles nationales et les carrés militaires sont aussi des lieux de transmission mémorielle à destination des jeunes générations.
En dépit du contexte sanitaire, les enfants de l’école Saint-Louis se sont pleinement engagés dans un projet qui consistait à retracer les parcours des soldats béconnais de la Grande Guerre. Ils ont mené leurs investigations aux archives municipales et aux archives départementales ainsi que sur les réseaux sociaux.
Ils se sont aperçus que treize soldats morts pour la France, nés à Bécon, ayant résidé à Bécon, ou ayant des parents qui ont vécu à Bécon, avaient été tout simplement oubliés en 1919 lors de la conception du monument aux morts.
M. Boivin, l’enseignant à l’origine de cette initiative, explique : « Sur les treize oubliés, nous en avons retrouvé dix inscrits sur des monuments aux morts dans d’autres communes : Honoré Picherit et Eugène Gohaux figurent sur le monument aux morts du Louroux-Béconnais, Joseph Grellet à Brain-sur-Longuenée, Louis Guilleau à Champtocé-sur-Loire, Joseph Georges à Beaucouzé, Gabriel Greffier à Chouzé-sur-Loire, Avit Guérin à Beaufort-en-Vallée, Henri Tauban à Nantes, Joseph Doisy à Palaiseau, et Claude Delahaye à Paris. Par contre, Léon Huet, Henri Cadot, Victor Plaisant, pourtant tous les trois nés à Bécon, habitant Bécon lors de la mobilisation, ne figurent sur aucun monument aux morts comme de nombreux autres poilus morts pour la France oubliés dans de nombreuses communes. »
À la suite de cette découverte, les enfants et leur professeur ont écrit au conseil municipal pour demander que les treize noms puissent être gravés sur le monument aux morts. Une demande à laquelle les élus ont répondu positivement.
Contacté par le président de l’association locale des anciens combattants, le service départemental de l’ONACVG de Maine-et-Loire (SD49) a souhaité valoriser le travail des élèves. Le 18 juin dernier, en compagnie de la maire de la commune, le directeur du SD49 a décerné à chaque élève un diplôme d’honneur de « veilleur de la mémoire ». En outre, il a remis un lot de livres, de bandes dessinées et de DVD pour l’école. Les enfants ont fait part de leur fierté d’avoir contribué au devoir de mémoire.
La mairie déposera prochainement une demande de subvention auprès de l’ONACVG pour rénover son monument aux morts et organiser, le 11 Novembre prochain, une cérémonie qui rendra hommage aux treize soldats oubliés de Bécon-les-Granits.
Sylvère Vesnier, ONACVG de Maine-et-Loire